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Tuesday 26 July 2011

Sarah's Key

Occupied France's Dark Page

By Daniele Thomas Easton
[Writers Clearinghouse News Service]
Un entretien avec le jeune cinéaste français Gilles Paquet-Brenner relève du défi. Passionné, vif, enthousiaste, il vous entraîne dans un flot de réflexions sur son dernier film, Sarah’s Key - qu’il est venu présenter en avant-première dans plusieurs grandes villes américaines (sortie officielle le 29 juillet) -, sur son amour du cinéma, qui lui a permis de cotoyer Marion Cotillard, Patrick Bruel, Laura Smet, avant de diriger Kristin Scott Thomas dans l’adaptation du roman de Tatiana de Rosnay, ou encore sur sa vie personnelle de tout nouveau père. Il est surtout animé par l’espoir que son message touchera le public américain de façon universelle, au-delà de l’événement historique de la rafle du Vel d’Hiv, présenté dès les premières images du film.

“Il faut apprendre et connaitre le passé pour pouvoir progresser.”

Comment “classifier” Sarah’s Key? Pour ce réalisateur qui a aussi participé à l’écriture du scénario, ce n’est pas un énième film consacré à la Shoah par quelqu’un de concerné directement, même si Gilles Paquet-Brenner évoque à demi-mot la disparition d’une partie de sa famille, notamment de son grand-père, musicien juif d’origine allemande, réfugié en zone libre, déporté après avoir été dénoncé par des Français. Tout en éprouvant un très profond et vibrant respect pour les victimes, il déplore que cet holocauste soit parfois “placé sous cloche”. Sa démarche, qu’il souhaite être positive, est de faire reconnaître par le biais du film et au-delà des sombres moments du Gouvernement de Vichy, “les blessures infligées aux minorités, quelles qu’elles soient.”

“Sarah’s Key est indéniablement relié à une page de notre histoire, l’histoire concerne une famille juive, à Paris en 1942. Oui, mais cet événement est en résonance avec la période à laquelle nous vivons. Dans notre monde actuel, le communautarisme gagne du terrain et je souhaite que le film puisse montrer les dangers et l’absurdité des dérives lorsqu’elles sont poussées à l’extrême.”

Que pense-t-il du devoir de mémoire? Il se défend de vouloir donner une leçon au spectateur et d’imposer un sentiment de culpabilité, “le meilleur moyen d’obtenir l’effet contraire.”  “C’est un film, c’est un thriller, ce n’est ni un documentaire historique ni un outil pédagogique. Il faut non pas montrer du doigt mais intéresser.”
Il est vrai qu’on serait presque tenté de parler d’enquête policière si le thème n’en était pas aussi tragique. Le rythme rapide de l’intrigue, le va-et-vient entre 1942 et le présent, entre Paris, la campagne française et les Etats-Unis, la quête de la vérité, et la douloureuse résolution du mystère gardent le public en haleine et l’amènent à se poser la question, comme le fait avec ses collègues Julia, la journaliste interprétée par Kristin Scott Thomas: “Qu’auriez-vous fait à leur place?” À ceci Gilles Paquet-Brenner ajoute : “En France, bon nombre dans la salle se sont demandé quel rôle leurs parents avaient pris pendant la guerre, quelle position ils avaient adoptée ou subie, collabos, résistants, témoins passifs ou victimes...”

“Il reste peu de survivants de cette époque. À part dans quelques films comme Monsieur Klein, ces épisodes n’ont été évoqués qu’en filigrane. On peut en parler plus calmement aujourd’hui. Mon film apporte un point de vue très contemporain sur l’Histoire; c’est une réflexion sur le passé, le restituant pour mieux l’affronter, l’assimilant pour permettre de construire notre futur.”


Bon nombre de psychiatres se sont penchés sur la notion de résilience, ou comment vivre avec le passé et aller de l’avant. Gilles Paquet-Brenner, dans sa transcription cinématographique très fidèle du roman, aura lui aussi traité de faits historiques et de leurs répercussions sur des générations futures. Mais il veut terminer l’entretien sur un message d’espoir. Si les séquences consacrées au passé semblent nombreuses, peut-être en raison de la puissance des images, une place prépondérante est donnée au présent et au futur, au futur de la petite Sarah. Dans la version française, il a d’ailleurs choisi en ultime image de cadrer la petite fille, derrière la grande baie vitrée du restaurant, regardant, les yeux écarquillés, le parc qui s’étale à ses pieds.

Signe du destin? Il a choisi d’appeler son premier enfant, qui a vu le jour le dernier jour du tournage de Sarah’s Key, Sunniva: 'le don du soleil' en norvégien.


(Daniele Thomas Easton is the Director of France-Philadelphie, which provides consulting for French-American business and cultural projects. She is the former Honorary French Consul to Philadelphia and Wilmington She lives in Philadelphia. In 2007 she received France’s Legion of Honor. Thomas Easton is frequent contributor to The Junto).